Après la tragédie de la vie réelle - la fermeture soudaine de Telltale, laissant de nombreux développeurs sur le carreau -, l'aventure virtuelle de Clementine poursuit finalement son cours sous l'égide de Skybound Games. Un retour en deux parties pour The Walking Dead, donc, dont la première a été bouclée par nos soins.
Nous avertissons notre aimable lectorat que cette critique est déconseillée aux personnes n'ayant pas joué aux précédents chapitres. Des spoilers pourraient s'être immiscés dans ce texte. Merci de votre compréhension.
La bataille est terminée. Malgré les préparatifs, l'école a subi de lourds dégâts et l'on dénombre des victimes du côté des enfants comme des assaillants menés par la vieille connaissance de Clementine. Certains ont été enlevés. Il faudrait partir à leur recherche, tenter de les sauver. Plus facile à dire qu'à faire quand on n'a aucune idée de l'endroit où chercher. La première séquence nous voit donc tenter de soutirer cette information capitale à un prisonnier de guerre qui, on l'espère, saura se montrer coopératif.
J'appuie sur la gâchette ?
Et l'heure n'est pas aux plaisanteries. Alvin Junior à ses côtés, notre héroïne a comme toujours le choix de ses paroles et de ses actes. L'objectif prime-t-il sur son humanité ? Peut-on répondre aux exigences de quelqu'un qui n'a plus rien à perdre ? Lui laisser le choix de son "départ" pour montrer plus que la vengeance à notre protégé ? A peine le temps d'y songer, de voir AJ se modeler au gré de décisions ni bonnes, ni mauvaises, de constater qu'on apprécie notre nouvelle bande, que deux heures se sont écoulées et nous laissent face à une issue qui rappelle le caractère épisodique de cette expérience de la plus triste des façons : avec un cliffhanger tout à fait insoutenable. Le procédé n'a rien de nouveau. Mais cela sent un peu découpage à la serpe - parce qu'il fallait encore garder/vendre une bonne heure de "jeu".
Les feux de la rampe
Comme les deux précédents chapitres de cette ultime saison, Innocence Brisée enchaîne différentes tonalités avec aisance. D'un interrogatoire pas si évident sur le plan émotionnel, on passera à un moment plus perché aux côtés d'un garçon aux croyances un peu folles, avec un peu de vue subjective, avant de profiter d'une réunion presque familiale, légère, où les coeurs s'ouvrent entre rires et larmes, pour finir par se jeter dans la gueule du loup et découvrir de nouvelles vérités, des contrariétés. Le rythme et la narration se trouvent assez maîtrisés et l'interprétation demeure toujours efficace.
Les alliés nous attendrissent autant que les "ennemis", dont la grande méchante très flippante, peuvent nous faire enrager au plus haut point. Les quelques séquences d'infiltration et d'action ont le mérite d'exister, même si leur rigidité peut encore agacer. Le point culminant reste une petite surprise inattendue, très calme, capable de coller un peu de buée sur vos lorgnettes. Sans aucun doute, étant donné les multiples enjeux, on peut imaginer que le dénouement ne nous épargnera pas le pire. On espère cependant que la toute dernière étape se montrer plus affûtée techniquement, les multiples saccades subies durant des phases de déplacement ou de tir à l'arc ayant le don d'irriter.